Les ressources de Nanterre

Sur mon agenda, à la date du 27 avril, j’avais noté un concert à l’église Saint Corneille de Puycelci. Par curiosité esthétique, pour soutenir les activités d’un village proche de chez moi, pour le plaisir de flâner dans la bastide tarnaisie. Pour entendre les chants composés par Mozart, Schubert et Haydn.

Quand j’ai vu qu’à la même heure, il était possible de regarder la finale d’Euroligue entre Trabzonspor et Nanterre, ma fibre sportive a éteint mon intérêt culturel. J’ai regardé le basketball, entrecoupé de longs zappings pour constater  l’ennui que me procurait la défensive de Chelsea qui muselait Arsenal et me poussait à admirer Lyon contre Reims et surtout à admirer la détermination de Nanterre en terre turque, dans une salle chaude et hostile.

Tout au long du match, le score et l’état d’esprit affichés laissaient penser que l’exploit était envisageable. Jusque dans les dernières minutes et les ultimes secondes. Dans un suspens irrespirable. L’incertitude et l’espoir se mêlaient. Jusqu’à un final incertain. Le panier victorieux de Campbell devait-il être validé? Le tir avait-il été réalisé pendant le temps réglementaire ou après. La décision était si difficile à prendre que les commissaires ont longuement examiné la dernière action. Pour finalement trancher en faveur du club français.

Gloire à Nanterre qui respecte la compétition européenne (comme Guingamp en football) au point de la gagner! Gloire aux joueurs héroïques et venus d’horizons divers qui ont donné toute sa dimension à l’esprit d’équipe! Gloire aux Donnadieu, président et entraineur, à leurs collaborateurs, de nous faire croire que les miracles sont encore possibles!

« Le message ne passait plus »

La phrase tombe comme le couperet d’une guillotine. Tony Parker, le président de l’ASVEL a congédié son entraîneur et ami Pierre Vincent. Si l’on croit le dicton : « Dans l’adversité, on connaît ses amis », on peut considérer que l’un et l’autre ont perdu un pote. Pour de longues années. Le traumatisme du licenciement est trop violent pour qu’il ne subsiste pas un relent de rancœur.

Pendant presque deux décennies, j’ai pratiqué le même métier que Pierre, dans un sport différent. Avec la crainte identique de la phrase fatale. Avec la peur des conséquences de la sentence. Avec l’angoisse de la remise en cause totale de ma capacité. Mais sans effroi devant cette réalité fugace et attestée. Par instant, la communication ne pose aucun problème. Un seul sourire, une accolade, un clin d’œil, un mot aident à se faire comprendre. Et parfois, pendant une éphémère période, malheureusement indéterminée, toute l’énergie, la dialectique et la volonté de gagner ne suffisent pas. Le court-circuit est total. Les impulsions données restent sans effet. Le coach perd son influence sur son groupe.

J’ai longtemps tu cette tare. En pensant qu’elle m’appartenait totalement. Qu’elle provenait de mes manques dans le management. Puisque je l’ai vécue durant toutes mes saisons. Sans exception. Pendant les mauvaises. Les ratées. Lors des excellentes également.

Il fallait entretenir une relation de confiance pour oser poser la question à Wenger, monstre de pérennité. Arsène, comme toujours, a répliqué avec la même franchise, avec la précision chirurgicale des mots qui répondent définitivement à tes interrogations. Oui. Arsène, lui aussi, traverse les troubles identiques de transmission. Lors des bonnes années. Pendant les mauvaises. Son explication m’a soulagé. Et me permet d’affirmer :

Pierre Vincent a été licencié pour cause de résultats insuffisants. Comme souvent.