La malédiction persiste

Au fil des ans, le phénomène s’amplifie. À chaque rencontre entre les Girondins de Bordeaux et Marseille, en Gironde, l’histoire de souvient de moi. Depuis le 1er octobre  1977, date qui m’est rappelée par Patrice Lescarret, mon voisin vigneron de « Causse Marines », l’OM ne gagne plus au Parc de Lescure devenu Stade Chaban Delmas. Bordelais, alors âgé de 11 ans, Patrice a assisté à la dernière victoire Marseillaise en ces terres complètement hostiles. Et se remémore de ma carrière de footballeur brisée en même temps qu’explosait mon tibia en six morceaux, et accessoirement mon péroné. Sur un résultat de parité. Si je suis capable d’évoquer mon ultime action girondine à Laurent Croci, Bordelais alors âgé de 11 ans, qui se souvient du bruit du choc et qui travaille aujourd’hui à l’Équipe, je me sens bien incapable de décrire la suite. Et le but de Zvunka qui scelle le score définitif à 2 à 1, alors que je n’ai pas encore été remplacé.

Depuis cette date, soit 38 ans, la malédiction persiste, Marseille ne gagne plus à Bordeaux. Le match d’hier soir, qui aurait pu basculer dans l’autre sens a respecté la tradition. Les poteaux sauvent Carrasco  2 fois, l’arbitre M. Varela interprète deux interventions girondines très litigieuses avec clémence et Yambéré grave le mauvais sort phocéen dans le marbre d’une reprise décidée.

À la saison prochaine.

Allo?? Derose

Comme par magie, une affaire de Bez deviendrait une histoire à l’eau Derose. C’est à y perdre son lapin. Comme ceux que l’on pose actuellement dans la presse. Et même dans l’Équipe, ma bible.

Voyez le titre de la une du mardi 11 septembre : « Bez : La fin ».

« M. Jacques Chaban Delmas doit annoncer ce midi que le président des Girondins de Bordeaux est remplacé par Jean-Pierre Derose.« 

Et sous l’en-tête de la page 3 : “Derose au pouvoir

Il n’y a plus guère de doute à avoir : le passage de témoin entre Claude Bez et Jean-Pierre Derose aura lieu aujourd’hui.

Vous connaissez la suite. Moi non plus. La découverte du pot Derose a coupé la communication : “Allo ?? Derose ? Allo?…” Plus personne au bout du fil. Tout le monde pensait : “L’important, c’est Derose”. C’est fini, du balai Derose. Le plus gros problème téléphonique français depuis la recherche du 22 à Asnières a coupé les ailes à vilain petit canard (1).

Allo ? Papi ?

Je n’aimerais pas casser de sucre, candide je suis, ingénu je resterai. Mais comme je ne comprends pas grand-chose à la crise girondine, j’ai demandé des explications à mon papa. “Papi”, c’est comme cela qu’on appelle son papa dans les montagnes neuchâteloises était expert-comptable, un diplôme qu’il n’a pas eu “au mérite” comme M.Bez (2), mais en passant des examens. Et bien, malgré lui et sa science (il est actuellement très à la mode de parler à la gloire de son père), la situation en Aquitaine me parait toujours aussi confuse.

“Dallas sur Garonne” me rend daltonien. »Papi » n’y peut rien. Je mélange toutes les couleurs. Le marine et blanc du club avec le bordeaux de M. Chaban Delmas. Le rose socialiste plein d’épines de M. Bordeaux, dit le naufrageur, avec celui de M. Derose, qui aurait payé des Primerose à ses joueurs comme à son tournoi de tennis. Je n’y vois que du noir très noir. Ce qui ne me semble pas très catholique.

« Papi », le brave homme, m’a expliqué qu’un comptable s’occupait de salaires, de gestions, d’administration de biens, de budgets, de prévisions économiques, de rendement, mais cela ne m’a pas trop aidé. Car si je l’entends, je ne l’écoute plus tellement depuis un bon bout de temps et je n’en fais qu’à ma tête. Mon problème de mauvaise (dix) gestion (s), les 15 000 000 000 de centimes de déficit des Girondins devraient être au pire le résultat de dix saisons cumulées et non celui du dérapage d’une seule, me rendent malade. J’ai une allergie au métier parental, les chiffres, les vrais comme les faux, me donnent de l’urticaire. Je ne parviens pas à comprendre que le gouffre de 15 milliards AF, n’est pas selon M. Chaban Delmas un trou, mais des dettes. Et que dans cette situation promettant une cessation de payement imminente, on ne parle pas de déficit, mais comme M.Bez de manoeuvre politique. Je mélange tout. D’ailleurs, même la FFFFF ou 5F (Fournet-Fayard Fédération Française de Football) ne maîtrisent pas : « Et puis souvenez-vous des retournements de situation toujours possibles, Brest est au bord du gouffre, et on le retrouve aux premiers rangs à la reprise ».(3)

Ma foi.

Eh oui ma foi, je suis un simple. J’ai besoin de comprendre, mais surtout de croire. De croire la presse que je lis, les politiques qui nous dirigent, les dirigeants qui nous engagent et nous licencient. Alors, après la crise bordelaise, je ne sais plus qui croire des interlocuteurs privilégiés d’un entraîneur. La presse ? Les présidents ? Les politiques ? Je suis en plein désarroi. À qui puis-je faire confiance ?

Au Bild Zeitung le plus grand quotidien d’Europe occidentale avec 4,7 millions de tirage qui annonce que Franz Beckenbauer gagne 134 000 000  AF par mois ou à M. Tapie (président et député) qui affirme que le kaiser touche 280 000 000 AF par année ?

(1) Selon Larousse, pas Gérard, ni Julie, mais le Petit Robert, celui des dictionnaires, un canard est une fausse nouvelle.

(2) Equipe du 11 septembre.

(3) Equipe du 13 septembre.