Les discussions passionnées et sans fin. L’aliénation de quelques-uns de mes amis. Cette obsession de la petite balle blanche. Tout m’incitait à me méfier des méfaits du golf.
J’ai bien tapé quelques dragées du côté de Port-en-Bessin, en Normandie, voici plus de vingt ans. Mais la qualité incertaine des trajectoires de mon driver m’avait permis de ne pas succomber au virus. Comme dans tous les sports de balle (football compris), ma volonté de frapper fort débouchait sur un déséquilibre. Et un piètre résultat. Qui ruinaient toute velléité d’approfondir l’apprentissage.
Le cadeau du défunt Jean-Luc Sassus, qui m’avait offert ses vieux clubs, voici plus d’un an, avait réveillé mon intérêt. Quelques coups foireux de Tiger Woods, à l’ultime Master, ont tué mes dernières réticences et redonné vie à mon envie d‘essayer à nouveau.
10 heures de leçons avec Sébastien, le professeur du golf d’Aiguelèze, m’ont permis de valider ma carte verte. Et fait aussi chauffer la carte bleue. Pour avoir un accès illimité au parcours. Pour acheter une nouvelle série de clubs. Pour remplacer toutes les balles perdues. Morgan, mon fils, de passage à la maison, a suivi la même démarche. Pour pouvoir jouer ensemble.
Après 4 circuits communs et beaucoup de frustrations, après pas mal de projectiles hors limites ou dans l’eau, après quelques air shots (balle non touchée), beaucoup de coups grattés (trop fort contact avec l’herbe du rough ou du fairway) ou taupés (sphère malmenée par le haut), je suis impatient de retourner me mesurer aux difficultés de ce sport jamais acquis. En me souvenant de mes rares réussites. Un putting jouant avec bonheur de la complexité de la pente. Une longue approche au sand wedge qui flirte avec le drapeau. Un beau drive dans l’axe au départ d’un trou. En ayant la certitude de pouvoir progresser beaucoup. Longtemps. Ce qui procure un plaisir indicible à un âge certain. Cela rajeunit. Et promet encore plein de découvertes.
Avant mon prochain swing, je suis l’US Open avec délectation. Je commence à comprendre les commentaires de Thomas Levet. La nouvelle galère du tigre me conforte dans la bienveillance vis-à-vis de soi-même qui doit habiter tout golfeur. J’en ris. J’en souffre. En attendant demain.