L’éclosion d’un nouveau talent mérite quelques mots. La confirmation de son potentiel aussi. Surtout si cette affirmation s’exprime après une défaite glorieuse. Lucas Pouille, tennisman français, âgé de 20 ans, classé au-delà de la 100e place du classement ATP, a réussi des débuts fracassants lors de son premier match d’un tournoi du Grand Chelem. Il a martyrisé Gaël Monfils au cours de 4 des 5 sets du défi proposé.
Le favori, souvent dépassé, sans âme, longtemps sans solution, a subi les initiatives de son cadet. Comme souvent, dans les sports d’opposition, celui qui possède un temps d’avance fini par l’emporter. L’action prime sur la réaction. La vitesse de l’un met l’autre dans l’urgence, lui fait provoquer des fautes. Et c’est exactement ce que Pouille a infligé à Monfils, qui a réussi à s’extirper de ce mauvais pas grâce à la qualité de son service.
Lucas a convaincu dans beaucoup de domaines. En plus de ne pas montrer de faiblesse technique majeure, (même si je ne visualise pas bien son revers) sa puissance et la précision chirurgicale de son coup droit ont défoncé la défense de Gaël. Si sa frappe décroisée fait des dégâts, il m’est apparu que son coup croisé, rapide, rasant le filet, imprévisible représente une force innovante. D’autant plus qu’elle est souvent suivie d’une montée au filet déterminée. L’audace du jeu, pas perçue au tournoi de Bercy, s’appuie sur un mental fort, inoxydable dans le rôle d’outsider. La perte de son service à 4-4 au 5e set va dans ce sens. Après le meilleur échange du match, il a raté sa volée, distrait par l’anticipation de Monfils. Et pour le coup suivant, sur une action plus courte, il a refusé le smash au filet sur un lob de Monfils qui est venu mourir sur sa ligne de fond. Ces deux points perdus, décisifs, contre un compatriote qui ira loin dans le tournoi, ont été joués à la perfection sur le plan stratégique. Sans trembler. Avec culot, intelligence et sens tactique. Comme un champion. Qui s’installera dans le Top 20. Et qui tôt ou tard participera au Masters des 8 meilleurs joueurs du Monde.